11 Septembre- Septiembre

Version en espagnol suit ce texte- La version en castellano sigue despues de la version francesa

Ce lundi 11 septembre, je fus invité par Le Centre de service de Justice réparatrice, une organisation qui vise à aider les personnes touchées par un acte de violence en les accompagnants dans un processus réparateur basé sur le dialogue. J’ai parlé de mon expérience du 11 de septembre 1973. Voici l’essentiel de mon intervention, avec des ajouts a posteriori nécessaires afin d’enrichir la narration.

Este lunes 11 de septiembre fui invitado por El Centro de servicios de Justicia reparadora, una organización que tiene como objetivo de ayudar a las personas víctimas de actos de violencia, acompañándolas en un proceso de reparación basado en el diálogo.  Hablé de mi experiencia del 11 de septiembre de 1973.  Sigue, lo esencial de mi presentación  inicial, enriquecida a- posteriori, que me parecieron necesarias para la narración.

Bonsoir,

Merci beaucoup pour l’invitation qui m’a été faite par le Centre de service de Justice réparatrice de partager avec vous, mes souvenirs de cette journée marquante dans l’histoire du Chili, mais aussi dans mon histoire personnelle. Avant d’entrer en plein dans le sujet, j’aimerais vous décrire mon expérience professionnelle qui a été pendant plus de vingt ans autour de la problématique de droits humains. En effet, j’ai occupé le poste de chargé de projets pour l’Amérique latine à l’Entraide missionnaire. Vous connaissez sans doute l’EMI, une organisation vouée à la défense de droits humains dans plusieurs parties du monde.  Pendant ces belles années de travail, j’ai rencontré des défenseurs des droits humains de l’Amérique latine, mais aussi des victimes. Mon travail consistait à faire de L’éducation aux Droits humains, rencontrer des décideurs politiques afin de les influencer dans leur prises de décisions sur ces questions.

Ce mardi 11 septembre 1973, je me suis réveillé en sursaut. Arrivé tard, la nuit du 10 septembre, j’étais retourné le jour d’avant chez mes parents à Santiago pour des raisons personnelles. Le 10 septembre, j’ai pris le train à 6 heures à la gare de Concepción, pour un voyage qui a duré plus de 15 heures, car l’extrême-droite avait dynamité un pont. Notre train a dû s’arrêter et nous avons dû traverser un pont à pied pour monter, sur l’autre rive, dans le train qui venait de déposer des passagers qui allaient vers le sud.

Ce matin du 11 de septembre donc, j’ai compris vite que l’irrémédiable était en train de se produire.  L’histoire changeait d’horizon. Il m’a fallu plusieurs années pour comprendre tout le  sens de ces événements.  L’icône des années soixante, Timothy Leary, me prête les mots en ce moment. À la fin de sa vie, malade d’un  cancer incurable, il répondait à la question qu’est-ce que la mort pour vous? Il répondait : c’est la dissolution du cadre conceptuel.  Cette description interprète bien mon sentiment : ce 11 septembre a été le début de la dissolution du cadre conceptuel qui nous servait de repère.

En effet, jusqu’au 11 septembre nous luttions pour la  justice sociale, la liberté, pour la nécessité de changer les rapports de forces productives et trouver des solutions aux problèmes de pauvreté et d’injustices. La Réforme agraire, la nationalisation de la production du cuivre sont les deux grands œuvres du président Allende. Ce 11 de septembre, les militaires et leurs maîtres ont lancé, avec toute la violence et l’arrogance d’une classe sociale qui a refusé et qui refuse toujours de  céder à ses privilèges.  On voit les résultats : inégalités sociales, destruction de la nature, impunité. Pour arriver à leurs fins, ils avaient besoin de violence, beaucoup de violence. La dictature a avalé deux de mes anciens camarades d’école et des centaines d’autres. Mes amis ont été torturés. La répression battait son plein, quand  j’ai quitté ce pays pour toujours.

Après la dictature, j’aurais aimé voir que les coupables de tant d’assassinats, de morts, de viols, etc. soient jugés publiquement.  Que les crimes commis soient décrits par les victimes et que les offenseurs nommés, indiqués devant les victimes. Mais ça ne s’est pas passé ainsi.  Les politiciens ont décidé de ne pas montrer cette réalité, et ce pour les prochaines 50 ans.  Les blessures sont restées ouvertes. Certes, la justice a tardé, mais elle aussi a fait tout son possible pour que la punition soit minimale.

Je reviens sur le cadre conceptuel.  Aujourd’hui, nous voyons les conséquences des politiques implantées par les puissants de ce monde. Le libre marché prétend que l’économie doit être composée par de nombreux consommateurs, peu de producteurs et encore moins de riches manipulateurs au sommet de la pyramide.  Ce cadre conceptuel attribue à l’argent un dangereux pouvoir magique qu’il n’a pas. Aujourd’hui, les guerres, les migrations forcées, le développement des mafias, des narcoétats et  des états prisonniers des narcos, sont le résultat de ce cadre conceptuel.

La violence envers les femmes et les enfants n’arrête pas. Elle s’est étendue à la nature. Les traités de libre échange surtout pour l’Amérique latine ont fini par appauvrir la démocratie.  Les compagnies minières, surtout canadiennes, sont en train de saccager l’environnement. Les populations autochtones sont les premières a souffrir de ce saccage.

Comprenez-moi bien.  La mémoire reste comme une blessure ouverte  ce 11 de septembre.  Nous ne pouvons oublier ni pardonner. Sans justice il ne peut y avoir de pardon.

Merci

VERSION EN ESPAGNOL

Buenas tardes.

Muchas gracias por la invitación hecha por el Centro de servicios de Justicia reparadora, para compartir con Uds., mis recuerdos de ese día tan imborrable en la historia de Chile, pero también en mi vida. Antes de entrar en el sujeto, me gustaría explicarles mi experiencia profesional de más de veinte años como encargado de proyectos para América Latina en la Entraide missionnaire. Uds. conocen sin duda el trabajo de l’EMI, organización dedicada a la defensa de los derechos humanos en varias partes del mundo.  Durante esos bellos años de trabajo, tuve la suerte de encontrar defensores de derechos humanos en América latina y también muchas víctimas de esas violaciones. Mi trabajo consistió en hacer educación sobre los derechos humanos, encontrar los decidores políticos en casos que incumbían el Estado Canadiense y tratábamos de influenciar la política canadiense en la materia.

Ese martes 11 de septiembre 1973 me desperté de un sobresalto. Había llegado tarde la noche del 10 de septiembre.  Estaba de vuelta en la casa de mis padres,  en Santiago, desde la ciudad de Concepción donde cursaba mi primer año universitario en antropología. Había vuelto por razones personales. El 10 de septiembre, tomé el tren a la seis de la mañana en la estación de Concepción, para hacer un viaje que duró más de 15 horas.  La extrema derecha había dinamitado un puente y nuestro tren nos dejó, a mitad de camino,  en el borde del puente. Tuvimos que cruzarlo a pie hasta la otra orilla y esperar que llegara el tren que venía del norte hacia el sur y que sus pasajeros hicieran lo mismo en dirección opuesta.

Esa mañana del 11 entendí pronto que lo irremediable se estaba produciendo. La historia cambiaba de horizonte.  Me tomo muchos años para comprender el sentido de los eventos. El ícono de los años 60, Timothy Leary me presta sus palabras en estos momentos.  Al final de su vida ya enfermo de un cáncer incurable, respondió así a la pregunta- ¿Que es la muerte para Ud.? – respondió – Es la disolución del marco conceptual-.  Esta descripción interpreta bien mi sentimiento: ese 11 de septiembre fue el inicio de la disolución del marco conceptual que nos servía de guía.

En efecto, hasta el 11 de septiembre luchábamos por la justicia social, la libertad y por la necesidad de cambiar las relaciones entre las fuerzas productivas y buscar soluciones a los problemas de pobreza e injusticias. La Reforma agraria y la nacionalización de la producción del cobre fueron las dos grandes obras del Presidente Allende.  Ese 11 de septiembre, los militares y sus amos lanzaron, con toda la violencia y la arrogancia de una clase social que se ha negado y se niega ceder a sus privilegios. Vemos los resultados hoy: desigualdades sociales, destrucción de la naturaleza e impunidad.  Para llegar a sus fines, tenían necesidad de violencia, mucha violencia. La dictadura trago a dos de mis compañeros de escuela y muchos otros. Mis amigos fueron torturados. La represión estaba en su zénit cuando abandoné ese país para siempre.

Después de la dictadura me habría gustado  ver que los culpables de tantos asesinatos, muertes, violaciones, etc. Sean juzgados públicamente. Que los crímenes hubieran sido descritos por las victimas y que los criminales indicados por esas mismas victimas.

Pero no sucedió así. Los políticos decidieron esconder esta realidad por los próximos cincuenta años.  Las heridas estan abiertas.  Es cierto la justicia tardó en algunos casos y con penas mínimas.

Vuelvo sobre el marco conceptual. Hoy vemos las consecuencias de las políticas impuestas por los poderosos de este mundo.  El libre mercado pretende que la economía debe estar compuesta por numerosos consumidores, pocos productores y aun poquísimos millonarios en la punta de la pirámide.  Este marco conceptual atribuye al dinero un poder mágico que no tiene. Hoy las guerras, las migraciones forzadas, el desarrollo de las mafias, de los narco-estados y de los estados prisioneros de los narcos son el resultado más tangible.

La violencia hacia las mujeres y los niños no ha cesado. La violencia se ha extendido a la naturaleza.  Los tratados de libre comercio sobre todo en América Latina terminaron por empobrecer la democracia. Las compañías mineras, sobre todo canadienses, están saqueando el medio-ambiente. Las poblaciones indígenas son las que más sufren de ese saqueo.

Entiéndame bien les pido. La memoria es una herida abierta este 11 de septiembre.  No podemos ni debemos olvidar y perdonar. Sin justicia no puede haber perdón.

Gracias

 

 

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